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Le stationnement payant à Bordeaux

De la méthode Coué au référendum citoyen

La méthode Coué

A entendre Messieurs Alain Juppé et Jean Louis David, les bordelais sont satisfaits de la mise en place du stationnement  payant. On ne sait pas quelle enquête, quel sondage, quelles informations objectives permettent de tenir de tels propos.  On hésite entre le constat d’un manque d’information sur la réalité du ressenti des bordelais, ou celui d’une forme de duplicité et de cynisme. Alain Juppé a d’ailleurs reconnu lors d’un conseil municipal que sur ce sujet, les bordelais sont résignés ce qui est certainement plus proche de la réalité pour une partie des résidents de la zone Bordeaux-Unesco.

Mais aujourd’hui il est question d’étendre le stationnement payant hors de la zone Bordeaux-Unesco. Nos élus répètent à l’envi  qu’ils se résolvent à l’instauration d’un stationnement payant à l’ouest des boulevards à la demande générale des habitants. Que certains l’aient demandé en relation avec les effets de report de stationnement à la frange des boulevards, cela ne fait aucun doute. Que ce soit une majorité des résidents de Saint Augustin et de Caudéran, rien n’est moins sûr.

 Mais au-delà du principe de stationnement payant que nous ne rejetons pas, se pose la question des modalités de mise en œuvre de ce stationnement payant.  Il n’y a alors aucun doute qu’une très large majorité des habitants s’oppose au transfert direct et mécanique des modalités qui prévalent pour la zone verte intra-boulevard.  

Un référendum citoyen

Puisque Monsieur Alain Juppé est persuadé que la solution qu’il propose convient aux résidents et serait plébiscitée, organisons un référendum  citoyen pour  confronter le stationnement payant proposé par la Mairie et celui inspiré par le système en vigueur à Talence. Nous verrons bien.

Il ne s’agirait pas de voter pour ou contre le stationnement payant, mais de voter sur une alternative du stationnement payant :

  • le système de stationnement résident, commerçant, artisan et la tarification zone verte de l’intra-boulevard.

  • un dispositif de stationnement résident, commerçant, artisan  et un mode de tarification que notre association propose, avec la création d’une troisième zone de réglementation du stationnement.

 

Cet exercice de démocratie directe est assez facile à organiser. Gageons que nos élus qui se disent si sûrs d’un résultat favorable à leur politique, ne s’y risqueront pas……

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Stationnement payant au-delà des boulevards Une décision prise sans informations

  • Photo du rédacteur: Patrick POINT
    Patrick POINT
  • 31 janv. 2018
  • 5 min de lecture

Pourquoi étendre la zone de stationnement payant au-delà des boulevards ?

Si l’on en croit nos élus c’est à la demande de riverains que s’est décidée l’extension du stationnement payant. Si la justification n’a que ce support, c’est un peu inquiétant. En effet on met en place un dispositif qui va affecter la vie et le bien-être de très nombreux habitants sur l’unique base de demandes limitées et ponctuelles. Si la justification est autre, par exemple, collecter des ressources supplémentaires pour les finances communales, il faudrait le dire. Les élus s’en défendent. Alors que reste-t-il ? La réduction de la pollution ? Si l’on empêche les voitures de stationner, elles roulent ! Le citoyen qui se rendait à vélo à son travail en zone non réglementée (commune voisine), ne peut laisser son véhicule sous la garde de l’horodateur… Il va donc renoncer au vélo pour prendre sa voiture. S’agissant de pollution et d’encombrement, la gestion du stationnement n’est qu’un facteur, parmi d’autres et qui peut avoir des effets d’amplification de ces maux. Il faudrait donc y réfléchir à deux fois.

On le voit la décision d’instaurer un stationnement payant au-delà des boulevards repose apparemment sur des éléments qui relèvent plus de l’anecdote que d’une analyse bien étayée et quantifiée. La pratique du verbe haut, se référant à l’intérêt général et au bien-être des résidents masque difficilement le dénuement de l’argumentaire.


Quelles données viennent appuyer le projet de la Mairie ?

Mais au fait sur quoi s’appuie cette réflexion ? Nous n’avons trouvé aucun rapport, aucune étude, analysant les potentialités et les conséquences d’un stationnement payant tel qu’il est mis en œuvre à Bordeaux. Il a existé un observatoire du stationnement à l’époque de la CUB qui a livré des rapports annuels, puis plus rien à partir de 2008. On dispose d’une enquête « Ménages Déplacements » réalisée dans l’agglomération Bordelaise en 2008-2009. Le rapport donne une image très globale puisqu’il porte sur les 96 communes de l’agglomération bordelaise. Il s’intéresse principalement à la question des déplacements. Le stationnement n’y est traité que de façon marginale[1].Une nouvelle enquête «déplacements» a été lancée par Bordeaux-Métropole en septembre-octobre 2017. Les résultats de cette enquête devraient être rendus publics lors du 1er semestre 2018. Avec un échantillon de 3000 questionnaires sur l’ensemble de Bordeaux Métropole, on ne peut espérer disposer d’une information suffisante à l’échelle de nos quartiers. Un observatoire métropolitain du stationnement a été lancé le 3 juin 2016. Depuis, aucun document d’orientation n’en est sorti.

Les services en charge du stationnement n’ont pas engagé les investigations indispensables à la mise en place d’une politique équilibrée du stationnement payant.


Les questions auxquelles nos élus ne peuvent pas apporter une réponse pertinente

L’absence de données objectives sur la situation précise de nos quartiers en matière d’offre et de demande de stationnement sur la voie publique devrait conduire les décideurs à de la retenue et à de la prudence. Cela ne semble pas pour l’instant dicter leur comportement. Les réponses qu’ils apportent, sans disposer d’informations pertinentes, relèvent plus de la méthode Coué que d’une démonstration étayée.

Pour illustrer les défaillances des discours, on pourrait examiner toute une série de questions précises. Nous retiendrons deux aspects cruciaux :

  • Y-a-t-il trop de demandes d’abonnement résident pour deux voitures ?

Nos élus annoncent qu’il n’est pas possible d’accorder deux abonnements résidents pour un même ménage, car on excéderait ainsi le potentiel de places disponible. Ils n’ont en fait aucune donnée objective soutenant ce raisonnement. Dans nos quartiers, le taux de motorisation est supérieur à celui de Bordeaux-Unesco. Mais on trouve des ménages qui n’ont pas de voiture (15% sur Caudéran[2]), des ménages qui n’ont qu’une voiture et des ménages, commerçants et artisans qui en ont plusieurs. Comment se distribue la détention de véhicules pour chacune de ces catégories ? Ce décompte est important, il n’est pas suffisant. Il faut encore identifier les possibilités de stationnement en espace privé, puis en espace public. Ce n’est qu’au terme de ces investigations que la Mairie pourrait porter un diagnostic à partager avec les associations. On est loin de compte.

  • Quelles modalités de mise en œuvre du stationnement payant ?

Au-delà du strict dénombrement des places et des besoins pour les résidents, artisans et commerçants, se pose la question des modalités de mise en oeuvre du stationnement payant. Est-il possible de refuser un abonnement pour les salariés non-résidents qui viennent travailler en zone réglementée dans nos quartiers ? Est-il possible d’obliger les clients des commerces locaux à payer dès la première minute de stationnement. Est-il possible d’obliger des visiteurs à la journée, à se rendre toutes les deux heures à l’horodateur et à déplacer leur véhicule ? Comment gérer la venue de visiteurs ou d’intervenants à domicile ? Quelles sont dans ces domaines les attentes des citoyens de nos quartiers ? A notre connaissance il n’y a eu aucune enquête pour identifier les besoins des résidents, des commerçants, des artisans en matière de stationnement.

Ainsi, prétendre que le stationnement payant, sous la forme fixée par la Mairie, est fait pour améliorer le bien-être des résidents relève de la galéjade.


Pour un moratoire et une concertation

En l’état de sous-information chronique, il parait raisonnable de se donner un peu de temps pour identifier les manques les plus criants et co-construire véritablement un projet de stationnement payant. Les deux ingrédients nécessaires à la réussite sont la fixation d’un moratoire et le lancement d’une réelle concertation qui ne rejetterait pas le principe même du stationnement payant, mais qui l’adapterait aux réalités de nos quartiers.

Les questions que nous avons évoquées, et d’autres, la commune de Talence se les est posées en concertation avec les associations de résidents, de commerçants, d’artisans. Des solutions sont apparues qui diffèrent notablement du projet porté par la Mairie de Bordeaux. On voit par-là combien la démocratie participative peut apporter et vers quels échecs on s’achemine en la négligeant.

La réduction de la place de l’automobile dans les villes est un objectif louable qu’il faut soutenir et encourager. De nombreux citoyens sont disposés à adopter des pratiques vertueuses dans leurs choix de modes de déplacement et le prouvent tous les jours. Il ne faut cependant pas se dissimuler que des facteurs freinent l’évolution de ces pratiques. Les contraintes liées, à la disponibilité et à l’accès aux transports publics, aux horaires de travail et à la nature même du travail, aux obligations familiales peuvent bloquer à court terme toute possibilité d’ajustement des comportements. La détention d’un deuxième véhicule dans un ménage relève rarement du caprice et de la fantaisie.

L’application brutale de mesures inadaptées en invoquant la qualité de l’environnement risque plus d’en décrédibiliser la cause que de la servir.

[1] On y apprend que le stationnement des résidents de la CUB se réparti de la façon suivante : gratuit dans la rue (27%), gratuit sur un parking (12%), gratuit dans un garage (51%).


[2] Contre plus de 30% en moyenne à Bordeaux.

 
 
 

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